Ca arrive à tout le monde de traverser des moments difficiles. Pourtant on se sent toujours très seul quand ça nous arrive.
Merci de lire cette 2e édition de ma newsletter. J’ai décidé de vous partager en toute transparence ma galère actuelle de maman entrepreneur.
Ma tempête du moment
J’ai accouché le 25 mars dernier d’un petit Sacha.
J’aimerais écrire que c’est facile de reprendre le travail avec un bébé de 2 mois. La réalité, c’est que c’est l’épreuve la plus difficile que j’ai connu.
Problème 1 : je suis épuisée. Mon bébé ne fait pas encore ses nuits et c’est normal, j’allaite et je dois récupérer de 9 mois de grossesse et d’une césarienne. Ma thyroidite d’Hashimoto en prime. Je ne m’étends pas sur le sujet, tout le monde sait que c’est compliqué le post-partum.
Problème 2 : je suis en permanence partagée entre l’envie d’être avec mon bébé, de me reposer et celui de reprendre mes missions à fond sur DIJO. J’adore ce que je fais, ça ne me coûte pas de travailler. Mais c’est impossible d’être efficace dans ces conditions. Je suis partout et nul part en même temps. Ma frustration grandit de jour en jour, je le sens.
Problème 3 : j’ai peur car j’ai déjà échoué à l’arrivée de mon premier enfant.
J’ai sombré dans une dépression post partum intense à ce moment précis : quand Joseph (le numéro 1) avait 2 mois et demi. Je suis exactement à ce moment là aujourd’hui avec Sacha et je vois les mêmes mécanismes qui se remettent en place : le surmenage, la frustration, la lassitude. En 2021, je suis partie de la maison avec mon bébé. Je ne voulais plus adresser la parole à mon mec. J’ai pleuré toute la journée pendant 2 semaines, dans le noir, dans mon lit. Mon père, ce héros, tentait tant bien que mal de donner des biberons à Joseph qui ne voulait que le sein.
Cette fois, je ne veux pas retomber.
Réussir, c’est surtout faire de son mieux
“Réussir”, par définition, ça signifie qu’il y a un effort à fournir, un équilibre à trouver. C’est pour ça que j’aime tant ce verbe. La réussite n’est pas un état immuable, c’est une quête perpétuelle.
J’avais l’impression d’avoir trouvé à équilibre entre DIJO et ma vie de maman d’un enfant de 2-3 ans. Avec l’arrivée du 2e, j’ai l’impression d’être repartie à zéro. J’ai perdu tous mes repères. Professionnellement, je ne suis plus dans le rythme, il faut se l’avouer. Je me sens fragile au niveau pro et perso. C’est assez désagréable et ça impacte ma confiance en moi.
Cette fois-ci, j’essaie d’accepter les choses, de ne pas résister. Un bébé, c’est épuisant. Je ne peux pas changer cette variable de ma vie actuelle. J’essaie de lâcher prise et de faire de mon mieux. Je sais que les gens qui m’entourent ne me jugeront pas, notamment mon équipe DIJO, d’un soutien sans faille pour m’aider à reprendre le travail à mon rythme. Je les remercie du fond du cœur. Et mon associée en or, Lisa, mon pilier dans les moments difficiles.
Quand on a lancé DIJO, on n’était expertes d’aucun sujet, ni le e-commerce, ni la logistique, ni les réseaux sociaux. On a simplement faire de notre mieux de manière pragmatique et ça a fonctionné. Les périodes de doute finissent toujours par passer, l’important, c’est d’imaginer la lumière au but du tunnel.
Dans ces moments, il vaut mieux faire le tri dans ses priorités et ses objectifs. C’est important de choisir ses combats quand on a des ressources limitées (aujourd’hui mon énergie). Clairement, retrouver la ligne ou reprendre ma vie sociale ne peuvent pas en faire partie tout de suite.
Se protéger du regard des autres
C’est mon seul et unique conseil pour garder le cap.
Quand on perd ses repères, on est vulnérable, influençable même et le jugement des autres peut vous assommer. C’est un moment déterminant où les personnes qui vous entourent vont faire toute la différence.
Exemple 1 : 2 associées enceintes en même temps, c’est mauvais pour le business.
“Dis donc, ça va être galère pour DIJO” - “Vous pensez que vous allez réussir à faire votre objectif de chiffre d’affaires avec 2 congés mat ?” - “Vous mettez les équipes off pendant 6 mois ?”
Ces remarques non sollicitées mettent une pressions extrême sur les futures mamans. Je me souviens quand j’étais enceinte de Joseph, c’était le tout début de DIJO. J’avais l’impression que j’avais coulé la boite parce que j’étais tombée enceinte, avant même d’avoir accouché.
Exemple 2 : « Tu allaites, tu ne peux pas boire d’alcool, l’enfer »
Remarque classique au moins entendue 50 fois depuis le 25 mars. Si ces personnes savaient à quel point c’est difficile d’allaiter, ils ne se permettraient jamais de dire ça. Ils voient les choses de leur point de vue.
Exemple 3 : “Tu n’as pas envie de lever le pied maintenant avec 2 enfants ?”
Cette phrase illustre bien la croyance collective qui pénalise le plus les femmes en France aujourd’hui : j’ai des enfants donc j’ai moins d’ambitions professionnelles. Et comme si j’avais le choix en fait de lever le pied, ils sont marrants les gens.
Je m’arrête là, mais tous ces jugements illustrent bien les préjugés qui pèsent sur les femmes, et surtout les mamans. Inutile de perdre de l’énergie là-dessus, il faut tracer son chemin. Dans la même veine, les préjugés sur l’entrepreneuriat : “tu n’auras pas de congés payés, et même pas de chômage”, ça fait longtemps que je ne débats plus sur ce sujet. Poster sur Linkedin, idem.
Souffrant du syndrome de la bonne élève, j’ai mis du temps à comprendre que ces remarques me pèsent et m’influencent négativement.
Conclusion
Les moments difficiles, ça arrive et ça passe. C’est une question d’état d’esprit.
J’ai écrit ce que j’aurais aimé lire quand j’ai traversé mes premières difficultés en tant qu’entrepreneur ou maman. Ce qui m’aurait réconfortée et aidée à avancer. Je l’écrivais dans ma première newsletter “réussir, c’est cumuler les échecs”. C’est un subtil mélange d’expérience et de mindset. En France, on déteste les échecs, qu’ils soient pro ou perso, pourtant c’est d’une efficacité redoutable pour progresser.
Pensée à toutes les jeunes parents qui ne dorment pas. Il faut accepter de tâtonner un peu, quelques temps. L’apaisement reviendra.
j'aime beaucoup "réussir c'est cumuler les échecs" merci d'avoir partagé ces quelques lignes ça m'a rappelé les naissances de mes enfants et la pression extérieure dont il faut réussir à s'extraire pour se ressourcer ! un jour ils ont 18 ans et se lèvent après nous ! allez forzaa
Merci pour ces mots qui sonnent justes. Une newsletter d'une grande transparence qui aide à relativiser et à sentir que d'autres vivent la même situation :)